Collaborateurs
Coordonnateurs régionaux
WATELET Jérôme
Cabinet d'hépato-gastroentérologie (54)
GOICHOT Bernard
HU de Strasbourg (67)
VALMARY DEGANO Séverine
CHRU de Besançon (25)
Rédacteurs
ADDEO Pietro
HU de Strasbourg (67)
BRUNAUD Laurent
CHRU de Nancy (54)
CHEVALIER Elodie
CHRU de Nancy (54)
DEBLOCK Mathilde
Institut de cancérologie de Lorraine (54)
DUPONT GOSSART Anne-Claire
CHRU de Besançon (25)
GERMAIN Adeline
CHRU de Nancy (54)
GREGET Michel
HU de Strasbourg (67)
IMPERIALE Alessio
HU de Strasbourg (67)
PARIZET-SERRADO Claire
Cabinet de radiologie (25)
SUN Shan Rong
Hôpital Nord Franche-Comté (90)
TAQUET Marie Caroline
HU de Strasbourg (67)
Cette référence de bonnes pratiques cliniques, dont l'utilisation s'effectue sur le fondement des principes déontologiques d'exercice personnel de la médecine, a été élaborée par un groupe de travail pluridisciplinaire de professionnels de santé des réseaux régionaux de cancérologie de Bourgogne-Franche-Comté (OncoBFC) et du Grand Est (NEON), en tenant compte des recommandations et règlementations nationales, conformément aux données acquises de la science au 9 décembre 2021.
- Le grêle est la localisation la plus fréquente des tumeurs neuroendocrines digestives avec l’appendice. L’ensemble de ces tumeurs représente environ 30 % des tumeurs neuroendocrines digestives.
- Elles sont souvent multiples, localement avancées au moment du diagnostic, pouvant être responsables de symptômes obstructifs. Elles sont parfois associées à un syndrome carcinoïde, habituellement corrélé à la présence de métastases hépatiques.
- Le terme "neuroendocrine" remplace les autres dénominations de ces tumeurs.
- Dans son acceptation la plus restreinte, le terme de carcinoïde est réservé actuellement aux tumeurs neuroendocrines digestives bien différenciées associées à un syndrome carcinoïde clinique dû à l'hypersécrétion de sérotonine (tumeurs dites fonctionnelles).
- On distingue les tumeurs fonctionnelles (responsables de symptômes liés à une production tumorale de peptides ou d'amines) des tumeurs non fonctionnelles (sans symptôme lié à une production de peptides ou d’amines), les premières nécessitant un traitement symptomatique spécifique.
- L'analyse anatomo-pathologique de la tumeur doit être obtenue (biopsie, chirurgie) avant tout traitement médical.
- Les principaux facteurs de mauvais pronostic sont le caractère peu différencié de la tumeur, le grade élevé (indice de prolifération, index mitotique) et le stade métastatique.
- Tous les dossiers de malades atteints de tumeurs neuroendocrines (TNE) doivent être discutés en RCP régionale dans le cadre du réseau national spécifique aux tumeurs neuroendocrines, ENDOCAN-RENATEN, agréé par l'INCa.
- Voir aussi le site du GTE (Groupe d'étude des Tumeurs Endocrines).
Grades | Nombre de mitoses (10 champs à fort grossissement) |
Ki67 Index |
G1 | <2 | <3 % |
G2 | 2 - 20 | 3 - 20 % |
G3 | >20 | >20 % |
Grade | Différenciation | |
TNEG1 | G1 | Bien différencié |
TNEG2 | G2 | Bien différencié |
TNEG3 | G3 | Bien différencié |
CNE | G3 | Peu différencié, à grandes ou petites cellules |
MiNEN | Néoplasie mixte neuro-endocrine - non neuroendocrine |
- Il existe des carcinomes neuroendocrines (CNE ou plutôt TNEG3) de grade 3 bien différenciés dont le diagnostic est difficile et doit faire envisager une relecture par le Réseau National de référence anatomo-pathologique de prise en charge des Tumeurs Endocrines Malignes Rares Sporadiques et Héréditaires : TENpath et dont la prise en charge nécessite une stratégie thérapeutique différente.
- L'évaluation de l'index mitotique nécessite une lecture sur 50 champs x 400 (1 champs x 400 = 0,2 mm²). L'index de prolifération se calcule sur 500 à 2 000 cellules dans les zones où le nombre de noyaux marqués est le plus élevé.
- Dans les néoplasies de grade 3 (TNEG3), le degré de différenciation doit impérativement apparaître sur le compte-rendu histologique.
- Suivant les recommandations du Réseau National de référence anatomo-pathologique de prise en charge des Tumeurs Endocrines Malignes Rares Sporadiques et Héréditaires : TENpath
- une double lecture est indispensable dans les cas suivants :
- TNE considérées comme « peu différenciées » notamment lorsque l’index Ki67 est inférieur à 50 %
- TNE considérées comme « bien différenciées », mais avec un index Ki67 compris entre 20 et 50 %
- Suspicion de tumeur neuroendocrine de phénotype immunohistochimique incomplet
- Suspicion de carcinome mixte comportant un contingent neuroendocrine (MiNEN).
- une double lecture est indispensable dans les cas suivants :
T - Tumeur endocrine primitive | |
Tx | Tumeur primitive non évaluable |
T0 | Pas de tumeur primitive décelable |
T1 | Tumeur envahissant la lamina propria ou la sous-muqueuse et de taille ≤ 1 cm |
T2 | Tumeur envahissant la musculeuse ou >1 cm |
T3 | Tumeur envahissant la sous-séreuse (respectant la séreuse) |
T4 | Tumeur envahissant la séreuse ou autres organes/structures adjacents |
N - Adénopathie(s) régionale(s) | |
Nx | Adénopathie(s) régionale(s) non évaluable(s) |
N0 | Absence de métastase ganglionnaire |
N1 | Présence de métastases ganglionnaires régionales <12 ganglions |
N2 | Masse mésentérique >2 cm et/ou >12 ganglions métastatiques, notamment des vaisseaux mésentériques supérieurs |
M - Métastase(s) | |
Mx | Métastase(s) à distance non évaluable(s) |
M0 | Absence de métastase à distance |
M1 | Présence de métastase(s) à distance : |
M1a | métastases hépatiques |
M1b | métastases dans au moins un site extra-hépatique (poumon, ovaire, ganglion non régional, péritoine, os) |
M1c | métastases hépatiques et osseuses |
- Accord du patient pour présentation de son dossier en RCP et non opposition pour intégrer base de données du GTE.
- Données socio-démographiques.
- État général.
- Symptômes cliniques ou non (liés à la sécrétion).
- Résultats du bilan d'extension tel qu'il est prévu par la référence, les explorations biologiques étant orientées par les données cliniques.
- Comorbidités.
- Résultat des biopsies (le cas échéant : degré de différenciation et grade histologique, Ki67 et/ou index mitotique).
- Comptes-rendus opératoire et anatomo-pathologique avec TNM et grade (si malade déjà opéré).
- Stade OMS, signes cliniques (diarrhées, flush), examen clinique (cardiaque).
- Ionogramme sanguin, fonction rénale.
- Chromogranine A (après arrêt des IPP pendant 15 jours).
- 5 HIAA urinaires sur 24 heures (après régime approprié en fonction du contexte, des prises médicamenteuses...).
- Ne plus réaliser de dosage de la sérotonine (trop de faux positifs).
- Échographie cardiaque réalisée par un cardiologue sensibilisé à la pathologie.
Les examens minimums obligatoires sont une imagerie non-fonctionnelle (TDM), une imagerie fonctionnelle ainsi que l’histologie. Le reste des examens d’imagerie est à discuter en fonction de la présentation clinique, histologique et du projet thérapeutique.
- Scanner thoraco-abdomino-pelvien et entéroscanner.
- Choix des imageries fonctionnelles (à discuter en RCP) :
- TEP-DOPA pour les tumeurs bien différenciées
- TEP-FDG pour les tumeurs peu différenciées ou en cas de TEP-DOPA négatif
- Iléo-coloscopie (biopsies de la lésion, primitive du grêle, recherche d'un cancer du côlon associé).
- IRM hépatique ou scanner hépatique 3D (si métastases résécables).
- Biopsie des métastases hépatiques (en l'absence d'histologie de la tumeur primitive, si doute sur l'origine endocrine des métastases hépatiques).
- Scintigraphie osseuse (couplée à un scanner) si suspicion de métastase(s) osseuse(s) non trouvée(s) par les autres examens d'imagerie.
- Si l’évolution ultérieure paraît inhabituelle, il est nécessaire d’obtenir une nouvelle preuve histologique.
- Option : l'exploration du grêle par vidéocapsule (après exclusion d'une sténose) a peu d'intérêt surtout si l'indication chirurgicale est posée.
En cas d'urgence chirurgicale pour syndrome occlusif, proposer une stomie en attendant d’organiser une chirurgie réglée en centre expert.
TNE OMS G1-G2
Grade OMS ?
* Le curage ganglionnaire doit emporter au minimum
8 ganglions pour identifier les tumeurs N+
Résection de la tumeur primitive
- exploration du grêle et de la cavité abdominale
- curage ganglionnaire mésentérique complet *
- reprise chirurgicale à discuter si curage
ganglionnaire initial incomplet en fonction
de l'imagerie et de l'état clinique du patient - cholécystectomie conseillée
RCP
TNE du grêle localisée
Pas de traitement adjuvant
TNE OMS G3
Traitement adjuvant
à discuter en RCP
à discuter en RCP
Surveillance au long cours à adapter au grade histologique
- clinique, hormonale
(Cg A et 5 HIAA si élevé initialement)
(Cg A et 5 HIAA si élevé initialement)
- tous les 6 mois pendant 3 ans
- puis 1 fois/an pendant 2 ans
- puis tous les 2 ans
- échographie et/ou TDM-TAP et/ou IRM
- tous les 6 mois pendant 1an
- puis tous les ans (durée à adapter au grade histologique)
- La prise en charge du syndrome sécrétoire doit être une des premières étapes de la prise en charge d'un patient porteur d'une TNE lorsqu'elle est fonctionnelle (c'est-à-dire que la sécrétion est responsable de manifestations cliniques) car il peut parfois mettre en jeu rapidement le pronostic vital et a toujours un impact sur les symptômes et la qualité de vie.
- La réduction du volume tumoral ("debulking") peut permettre de contrôler le syndrome sécrétoire. La méthode est à discuter en RCP en fonction des ressources locales disponibles.
La PEC initiale doit être discutée en RCP pour établir la stratégie initiale et les stratégies ultérieures.
Métastases résécables* ?
Métastases non résécables
TNE OMS G1-G2
* le caractère résécable
ou non des métastases
est défini en RCP par
un chirurgien hépatobiliaire
Grade OMS ?
Chirurgie
Surveillance au long cours,
à adapter à l'évolution
Métastases résécables
TNE OMS G3
indifférencié
indifférencié
Chimiothérapie possible
sans attendre la RCP si
aggressivité et Ki67 élevés
(Traitement de référence :
Sels de Platine-étoposide
sans attendre la RCP si
aggressivité et Ki67 élevés
(Traitement de référence :
Sels de Platine-étoposide
Option : FOLFIRI en L2)
Puis RCP dès que possible
RCP
Surveillance étroite
Traitement symptomatique :
analogue SMS, adapté à
la réponse clinique
TNE du grêle métastatique
RCP pour discussion
des traitements
des traitements
- Analogues SMS
- RIV
- Thérapies ciblées
- Surveillance
- RIV
- Thérapies ciblées
- Surveillance
RCP :
Discussion des séquences
thérapeutiques et de
la stratégie ultérieure
thérapeutiques et de
la stratégie ultérieure
- Niveau de preuve élevé :
- Analogue SMS
- Evérolimus
- Radiothérapie interne vectorisée
- Les chimiothérapies systémiques ont une activité réduite dans les tumeurs du grêle. Le rapport bénéficie/risque doit être soigneusement évalué compte tenu du faible taux de réponse attendu.
- 5-Fluorouracile-streptozocine
- dacarbazine ± 5-FU (LV5FU2-dacarbazine)
- ou son analogue, le témozolomide ± 5-FU oral (TEMCAP)
- bévacizumab + capécitabine
- 5-FU continu ou fluoropyrimidine orale
- FOLFIRI
- FOLFOX
- XELOX
- Transplantation hépatique (indications restreintes).
- Everolimus PO : 10 mg/jour en continu
Référence :
- Yao JC, Fazio N, Singh S et al.
Everolimus for the treatment of advanced, non-functional neuroendocrine tumours of the lung or gastrointestinal tract (RADIANT-4): a randomised, placebo-controlled, phase 3 study. RAD001 in Advanced Neuroendocrine Tumours, Fourth Trial (RADIANT-4) Study Group.
Lancet. 2016 ; 387 (10022) : 968-77.
- Somatuline LP : 120 mg/28 jours
- Sandostatine LP : 30 mg/28 jours
Références :
- Modlin IM, Pavel M, Kidd M et al.
Review article: somatostatin analogues in the treatment of gastroenteropancreatic neuroendocrine (carcinoid) tumours.
Aliment Pharmacol Ther. 2010 ;31:169-88. - Palazzo M, Lombard-Bohas C, Cadiot G et al.
Ki67 proliferation index, hepatic tumor load, and pretreatment tumor growth predict the antitumoral efficacy of lanreotide in patients with malignant digestive neuroendocrine tumors.
Eur J Gastroenterol Hepatol. 2013;25:232-8.
- Voir le thésaurus de la référence sur les tumeurs neuroendocrines du pancréas.
-
AcSé pembrolizumab : Accès sécurisé au pembrolizumab pour des patients adultes porteurs de certains types de cancers rares.
- Status : Ouvert (05-07-2017 - 31-12-2023)
- Promoteur : UNICANCER
-
BEVANEC - PRODIGE 41 : étude de phase 2 randomisée évaluant l’efficacité du bévacizumab associé à une chimiothérapie de type FOLFIRI, en 2ème ligne de traitement après échec de l’association cisplatine (ou carboplatine) et étoposide, chez des patients ayant un carcinome neuroendocrine peu différencié primitif gastro-entéro-pancréatique ou inconnu, avancé et inopérable.
- Statut : Ouvert (04-09-2017 - 04-03-2023)
- Promoteur : Hospices Civils de Lyon (HCL)
-
PRODIGE 69 - FOLFIRINEC : Etude de phase II évaluant l’efficacité du mFOLFIRINOX vs platine - etoposide chez les patients atteints de carcinomes neuro-endocrines peu différenciés de grade 3 métastatiques gastro-entero-pancréatiques et de primitif inconnu avec l’établissement d’un profil moléculaire à la recherche de cibles thérapeutiques
- Status : À venir (30-09-2020 - 01-09-2024)
- Promoteur : Fédération Francophone de Cancérologie Digestive
-
TCF : Caractérisation clinique, anatomo-pathologique et génétique des patients atteints de Tumeurs Carcinoïdes Familiales de l'intestin grêle
- Status : Ouvert (01-06-2018 - 01-12-2022)
- Promoteur : CHU de Reims
- Brierley JD, Gospodarowicz MK, Wittekind C et al.
TNM classification of malignant tumours, 8th Edition
eds. Wiley-Blackwell, Chichester 2017:272 p.
- De Mestier L, Lepage C, Baudin E, et al.
Thésaurus National de Cancérologie Digestive (TNCD). Digestive Neuroendocrine Neoplasms (NEN): French Intergroup clinical practice guidelines for diagnosis, treatment and follow-up (SNFGE, GTE, RENATEN, TENPATH, FFCD, GERCOR, UNICANCER, SFCD, SFED, SFRO, SFR).
Dig Liver Dis 2020; 52(5):473-492.
En ligne : https://www.snfge.org/
- ENDOCAN-RENATEN : Réseau National de référence pour la prise en charge des Tumeurs neuro-endocrines
En ligne : ENDOCAN-RENATEN
- Modlin IM, Pavel M, Kidd M et al.
Review article: somatostatin analogues in the treatment of gastroenteropancreatic neuroendocrine (carcinoid) tumours.
Aliment Pharmacol Ther. 2010 ; 31:169-88.
- Motz BM, Lorimer PD, Boselli D et al.
Optimal Lymphadenectomy in Small Bowel Neuroendocrine Tumors: Analysis of the NCDB.
J Gastrointest Surg. 2017, 17.
- Nagtegaal ID, Odze RD, Klimstra D et al.
The 2019 WHO classification of tumours of the digestive system
Histopathology 2020, 76, 182–188.
- Palazzo M, Lombard-Bohas C, Cadiot G et al.
Ki67 proliferation index, hepatic tumor load, and pretreatment tumor growth predict the antitumoral efficacy of lanreotide in patients with malignant digestive neuroendocrine tumors.
Eur J Gastroenterol Hepatol. 2013;25:232-8.
- Yao JC, Fazio N, Singh S et al.
Everolimus for the treatment of advanced, non-functional neuroendocrine tumours of the lung or gastrointestinal tract (RADIANT-4): a randomised, placebo-controlled, phase 3 study. RAD001 in Advanced Neuroendocrine Tumours, Fourth Trial (RADIANT-4) Study Group.
Lancet. 2016 ; 387 (10022) : 968-77.