Cette référence de bonnes pratiques cliniques, dont l'utilisation s'effectue sur le fondement des principes déontologiques d'exercice personnel de la médecine, a été élaborée par un groupe de travail pluridisciplinaire de professionnels de santé des Dispositifs Spécifiques Régionaux du Cancer de Bourgogne-Franche-Comté (OncoBFC), du Grand Est (NEON) et d'Île-de-France (ONCORIF), en tenant compte des recommandations et règlementations nationales, conformément aux données acquises de la science au 25 juin 2024.
- Cette référence est basée sur un faible niveau de preuves scientifiques.
- Il est recommandé d'inclure les patients dans les essais cliniques.
- Le Groupe d’Endoscopie Thoracique et Interventionnel Francophone (GETIF) a mis en place une base de données (EpiGETIF) pour le recueil des gestes de bronchoscopie rigide dans le cancer permettant à terme de faire progresser la recherche et l'enseignement. Tous les pneumologues effectuant des gestes sont invités à s'inscrire.
- Sous anesthésie générale, la ventilation artificielle étant assurée par une dérivation au niveau de la tête du tube rigide.
- Intubation des voies aériennes proximales : trachée, bronches principales, tronc intermédiaire et le début des bronches lobaires inférieures.
- Bronchoscopie souple préalable indispensable (même rapide chez un patient dyspnéique) afin d’évaluer les caractéristiques de l’obstruction (localisation, bourgeon endoluminal ou compression extrinsèque…) et d’éliminer une paralysie bilatérale des cordes vocales responsable de tout ou partie de la symptomatologie et nécessitant une prise en charge ORL (cordectomie) de première intention.
- Résection mécanique possible des tumeurs endobronchiques tout en permettant d’assurer une bonne hémostase par tamponnement.
- Large diamètre permettant d’insérer des instruments tels qu’une sonde d’aspiration, des pinces de résection, des sondes (cryode, thermo-coagulation, fibres LASER…) et d’insérer des prothèses endobronchiques.
- Éventuellement association au laser Nd-YAG, à la thermo-coagulation ou à la cryothérapie (traitement local du pied d’implantation).
- Obstruction tumorale sur CBNPC proximal (trachée, carène, bronches souches, tronc intermédiaire) :
- obstruction >50 % ou très symptomatique
- voies aériennes et poumons fonctionnels en aval de l’obstruction
- état général restant correct (Performans Status (PS) 0 à 2) en dehors de l’altération de l’état général directement lié à l’obstruction.
- Compression extrinsèque nécessitant la pose d’une endoprothèse.
- Obstruction sur CBPC réfractaire aux traitements de 1ère intention (chimiothérapie et radiothérapie) (grade D).
- Tumeurs carcinoïdes
- La chirurgie avec curage ganglionnaire est le traitement standard des tumeurs carcinoïdes typiques et atypiques.
- Tumeurs carcinoïdes typiques : si contre-indication chirurgicale ou refus du patient et tumeur réunissant les critères suivants (dossier à discuter en RCP) : résection mécanique et traitement local du pied d’implantation par exemple par cryothérapie
- nature typique confirmée à l’examen anatomo-pathologique de la totalité de la pièce de résection endoscopique
- lésion polypoïde strictement endoluminale et facilement accessible
- absence d’adénopathie thoracique au scanner
- résection endoscopique complète, confirmée à distance du geste par des biopsies multiples et répétées du pied d’implantation.
- Surveillance :
- endobronchique annuelle prolongée : au minimum pendant 5 ans
- réévaluation de l'ablation de la lésion et réalisation de biopsies : à environ 2-3 mois après le geste.
- Cancers de stades précoces (carcinomes in situ ou microinvasifs) : préférer des techniques compatibles avec la bronchoscopie souple.
- CBPC : chimiothérapie et radiothérapie en 1ère intention.
- Instabilité du rachis cervical.
- Traumatisme maxillo-facial, pathologie ORL obstructive.
- Sondes mono-polaires utilisant l’effet thermique d’un courant de haute fréquence échauffant les tissus mous entre 70 et 100°C afin de les détruire en surface.
- A utiliser seulement en « coagulation douce ».
- Sondes souples ou sondes rigides selon le type de bronchoscopie.
- Peut éventuellement être complétée par la cryothérapie.
- Méthode simple, rapide, à effet immédiat et peu onéreuse.
- Possibilité d’utilisation de l’oxygénothérapie au cours du geste, contrairement au laser.
- Possibilité de traiter des lésions distales jusqu’au niveau segmentaire.
- Intérêt en cas de risque ou de syndrome hémorragique important (muqueuse hyper-vascularisée, tumeur carcinoïde…), en particulier avant geste de résection au bronchoscope rigide.
- Intérêt potentiel également de la coagulation par argon-plasma en cas de saignement.
- Sténoses bronchiques cicatricielles si elle est employée de manière quasi-circonférentielle sur la paroi en raison de la cicatrisation fibreuse (risque de lésion des cartilages).
- Risque de perforation bronchique en cas d’utilisation du mode section (mais négligeable en coagulation douce).
- Risque hémorragique (rupture vasculaire, tumeur carcinoïde).
- Dérèglement d’un pace-maker : contacter le fournisseur, placer la plaque du côté opposé au pace-maker, prévenir l’anesthésiste.
- Traitement des CBNPC au stade précoce : carcinome in situ (CIS) et en cas de contre-indication chirurgicale dans le traitement du CBNPC microinvasif (radio-occulte, <3 mm de profondeur), en dehors des lésions circonférentielles.
- Association à la bronchoscopie rigide si risque hémorragique important (hypervascularisation de surface, suspicion de tumeur carcinoïde…) pour déshydrater la tumeur en surface avant résection mécanique ou pour contrôler un saignement persistant, par exemple sur le pied d’implantation de la tumeur.
- Congélation par une cryode (souple ou rigide) reliée à une bouteille de protoxyde d’azote comprimé. La détente du gaz amène très rapidement la cryode à une température de -89,5°C.
- Action retardée, avec nécrose tissulaire et chute d’escarre en 8 à 15 jours, pouvant nécessiter une fibroscopie bronchique pour extraction à la pince.
- Action en profondeur sur 3 à 5 mm, la zone de destruction sphérique est d’environ 1 cm pour une sonde de 3 mm de diamètre.
- Risque minime de sténose fibreuse résiduelle et très rare cas de perforation : le tissu conjonctif et cartilagineux sain est cryorésistant.
- En 1ère intention dans le traitement du carcinome in situ (CIS).
- Alternative en cas de contre-indication chirurgicale dans le traitement du CBNPC microinvasif (radio-occulte, <3 mm de profondeur) (grade C).
- Traitement du pied d’implantation tumoral après résection mécanique du bourgeon. Deux à trois séances sont souvent nécessaires pour obtenir une destruction complète.
- Accessoirement, traitement de lésions tumorales bourgeonnantes non menaçantes.
- Le plus utilisé est le laser Nd-YAG : vaporisation des tissus et effet coagulant selon la puissance utilisée et la distance entre l’extrémité de la fibre et le tissu.
- Peut être employé en bronchoscopie rigide ou souple. Il est préférable d’employer le laser en bronchoscopie rigide, qui permet une meilleure résection mécanique du tissu tumoral. Son utilisation en bronchoscopie souple impose une vaporisation tumorale plus risquée et augmente le temps d’intervention.
- Protection des yeux de l’opérateur.
- Perforation bronchique et hémorragie car l’effet maximal se produit en profondeur, la destruction étant peu appréciable en surface et s’effectuant sans sélectivité tissulaire.
- Recommandation d’utiliser le laser avec la plus faible énergie possible et de privilégier l’effet coagulant plutôt que la vaporisation.
- Contre-indication à l’oxygénothérapie pendant l’utilisation du laser (risque d’incendie endobronchique).
- Provoque la nécrose retardée des cellules tumorales préalablement sensibilisées par un photosensibilisant (PHOTOFRIN®) administré par voie intra-veineuse (accumulation dans les cellules tumorales dans un délai de 1 à 3 jours). Les zones pathologiques sont ensuite éclairées par une fibre laser en bronchoscopie souple sous anesthésie locale avec chute d’escarre dans les 8 à 15 jours suivant le geste. Contrôle endoscopique à J8 et à 1 mois pour évaluation et retrait d’éventuels débris nécrotiques.
- Agit sur 6 à 7 mm d’épaisseur, risque de perforation très faible.
- Induit une photosensibilisation cutanée retardée.
- Technique complexe et onéreuse.
- Obstruction bronchique (œdème, sécrétions…).
- Sténose bronchique cicatricielle.
- Photosensibilité persistant environ 2 mois : pas d’exposition solaire, port de vêtements longs.
- Traitement des carcinomes in situ (CIS).
- Alternative en cas de contre-indication chirurgicale pour traitement du CBNPC microinvasif (radio-occulte, <3 mm de profondeur) (grade C), pour des lésions peu étendues (10 mm en surface).
- La source d’irradiation, l’iridium 192, est déplacée pas à pas dans le cathéter par ordinateur afin de respecter la dosimétrie calculée préalablement.
- Le temps d’irradiation dure quelques minutes, le nombre de séances varie entre 1 et 5 au rythme d’une séance par semaine.
- Sténose post-radique.
- Perforation bronchique.
- Hémoptysie massive retardée (environ 8 %) souvent fatale, dont il peut être difficile de dire si elle est liée au traitement ou à l’évolution naturelle du cancer.
- Traitement du carcinome in situ (CIS).
- Alternative en 2ème intention en cas de contre-indication au traitement chirurgical du CBNPC microinvasif (radio-occulte, <3 mm de profondeur) dans certains cas particuliers à présenter en RCP (grade C).
- Deux types de prothèses peuvent être mises en place sous bronchoscopie rigide (exceptionnellement sous bronchoscopie souple) :
- en silicone : à privilégier en cas de radiothérapie externe associée
- métalliques couvertes (maillage métallique entouré d’un film plastique ou en silicone afin d’éviter l’envahissement de la prothèse à travers les mailles par la tumeur évolutive).
- En cas de fistule trachéo ou broncho-œsophagienne, une double prothèse est à mettre en place :
- si les 2 prothèses ne peuvent être placées dans le même temps opératoire, il est habituellement conseillé de placer la prothèse endobronchique en premier (la prothèse œsophagienne, par ses propriétés expansives, risque de comprimer la trachée et d’entraîner une détresse respiratoire aiguë)
- certains préconisent de façon pragmatique de poser en premier la prothèse œsophagienne après avoir vérifié le calibre des voies aériennes en bronchoscopie souple
- malgré cette prise en charge, la reprise d’une alimentation normale, sans dysphagie ni fausse-route est difficile et une alimentation entérale par gastrostomie ou parentérale peut s’avérer nécessaire.
- Complications peu fréquentes, surtout en contexte palliatif où l’espérance de vie du patient est souvent réduite, diminuant d’autant les risques de complications à long terme.
- Une prothèse correctement placée n’entraîne ni toux, ni dyspnée (au contraire elles seront réduites).
- Une colonisation bactérienne est présente en 8 à 10 semaines pour toute prothèse.
- Encombrement de la prothèse par les sécrétions bronchiques : nécessité d’une fluidification « à vie » par aérosols de sérum physiologique (au minimum 3 fois par jour) et/ou mucolytiques.
- Migration de prothèse : rare mais peut survenir en cas de fonte tumorale par la chimiothérapie et/ou la radiothérapie.
- Développement de granulomes obstructifs ou hémorragiques aux extrémités de la prothèse, mais en fait le débordement de cette dernière par la tumeur évolutive est plus fréquent.
- Persistance après désobstruction tumorale d’une réduction de calibre >50 %.
- Compression extrinsèque réduisant le calibre bronchique ou trachéal de plus de 50 %.
- Traitement palliatif des obstructions des CBPC réfractaires en dehors d’une situation de confort, intérêt si projet thérapeutique à suivre.
- Association à une prothèse œsophagienne en cas de fistule œso-trachéale ou œso-bronchique :
- une prothèse œsophagienne bien placée peut suffire à contrôler la fistule
- une prothèse endobronchique sera posée dans un second temps si le patient reste symptomatique à la reprise de l’alimentation, si le calibre de la trachée ou de la bronche en regard est réduit de plus de 50 % ou, a fortiori, en cas d’aggravation de la fistule avec migration de la prothèse œsophagienne dans l’arbre bronchique.
- Carcinomes obstructifs à petites cellules même menaçants : indication à une chimiothérapie en urgence.
- Après désobstruction et récupération d’un diamètre >50 %.
- Trachéotomie : contre-indication formelle des prothèses endobronchiques en raison de l’assèchement des sécrétions dans la prothèse par l’air sec directement inhalé via la trachée.
Technique | Anesthésie | Principe | Indications | Avantages | Inconvénients |
---|---|---|---|---|---|
Désobstruction mécanique | Générale | Résection avec le bronchoscope et les pinces | Lésions endobronchiques proximales, peu hémorragiques |
|
20 % de complications sévères (saignements, perforations) |
Laser | Anesthésie générale et bronchoscopie rigide recommandées, sauf sténoses et procédures courtes | Pulsations dans l’axe bronchique à 30-50 W. Fibroscopie souple ou rigide. | Obstructions proximales sévères endobronchiques ou mixtes |
|
|
Thermocoagulation argon plasma (CAP) | Anesthésie générale et bronchoscopie rigide recommandées, sauf sténoses limitées et procédures courtes | Courant électrique haute fréquence
± jet de gaz argon |
Obstructions proximales endobronchiques ou mixtes |
|
Cicatrisation fibreuse avec sténose bronchique si traitement circonférentiel |
Cryothérapie | Anesthésie générale et bronchoscopie rigide recommandées, sauf sténoses limitées et procédures courtes | Détente de protoxyde d’azote. Cycles rapides de gel et lents de dégel. |
Obstruction non critique |
|
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Photothérapie dynamique | Anesthésie générale et bronchoscopie rigide recommandées, sauf sténoses limitées et procédures courtes | Activation d’un photosensibilisant par une source lumineuse | Obstruction non critique |
|
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Stent silicone | Générale | Utilisation d’un pousse prothèse inséré dans le bronchoscope rigide | Compressions extrinsèques ou mixtes |
|
|
Stent métallique | Anesthésie générale et bronchoscopie rigide recommandées | Auto-expansive. A l’aide d’un guide sous contrôle radiologique ou au bronchoscope rigide. Fibroscope souple ou rigide. |
2nde intention, sauf si lésions très nécrotiques ou distorsion importante |
|
|
Carcinome in situ * (CIS)
Carcinome microinvasif
?
CIS
Carcinome
microinvasif
(radio-occulte,
<3 mm de profondeur)
Fibroscopie en
auto-fluorescence
recommandée
Bilan d'extension
complet
(y compris TEP)
- cryothérapie
- thermocoagulation
(si lésion non circonférentielle) - photothérapie
- endocuriethérapie
en 2ème intention
Bronchoscopie souple
(au mieux en auto-fluorescence)
- à 3 mois
- puis tous les 6 mois pendant 5 ans
- ± TDM annuel
Traitement de référence :
Résection chirurgicale
* Les CIS évoluent vers un carcinome invasif
dans 21 à 56 % des cas selon les études
Patient opérable ?
Chirurgie d'éxérèse
Carcinome invasif ?
Lésion endoluminale accessible
T <2 cm et N0
Endocuriethérapie
±
Radiothérapie externe
±
Désobstruction
(laser, thermocoagulation)
- Laser
- ou thermocoagulation
- ± résection mécanique
- ± endoprothèse
- Laser
- ou thermocoagulation
- ± résection mécanique
- ± dilatation
externe
- Dilatation
- Endoprothèse*
carène, bronche souche
ou tronc intermédiaire poumons
et bronches fonctionnels
au-delà de l’obstruction
- Si une radiothérapie externe est envisagée, privilégier une prothèse en silicone
- Eviter l'endoprothèse chez le patient en 1ère ligne de chimiothérapie, d’efficacité supérieure prévisible
- Une bronchoscopie rigide sous anesthésie est recommandée, fibroscopie souple préalable indispensable.
- Si CBPC, l'indication première est une chimiothérapie avec corticothérapie puis réévaluation précoce après la 1ère ou 2ème cure.
- La cryothérapie, l'endocuriethérapie et la photothérapie ne sont pas adaptées.
- La désobstruction proximale permet d'améliorer la dyspnée, lever une atélectasie, diminuer le risque d'hémoptysie et d'infection sous-jacente.
Traitements endoscopiques des fistules œsotrachéales ou œsobronchiques
Fistule
Couverture par endoprothèse
endobronchique adaptée
Contrôle à J+1
du positionnement
œsotrachéale
œsobronchique
- La couverture de la fistule au niveau œsophagien est le plus souvent souhaitable, d'autant plus que la fistule est étendue. Les deux gestes peuvent être réalisés dans le même temps si les conditions techniques locales le permettent. En cas de calibre conservé des voies respiratoires, une prothèse endo-œsophagienne exclusive peut s’avérer suffisante.
si associé.
thrombotique
thrombotique
ischémique
sans stent, maladie
cérébro-vasculaire,
AOMI)
thrombotique
valve prothétique et
avant à considérer si :
actif si ATCD
de SCA
actif si pas d‘ATCD
de SCA
nu
thrombotique
- Contrôle INR avant geste :
≤ 1.5 - Valve aortique métallique :
Avis cardio pour intérêt
d'un relais selon type
et ancienneté
dabigatran
Cytoponctions ganglionnaires
bronchique souple
48h avant
- Dernière dose HBPM
24h avant geste - Contrôle INR avant geste :
≤ 1.5
Clopidogrel, prasugrel,
ticagrelor
dabigatran si clairance
créatinine
30-50mL/min
(apixaban, rivaroxaban, dabigatran)
le brossage pourra être réalisé avec une brosse "bactériologique"
si risque thrombotique élevé
et indication d'endoscopie rapide
(clopidogrel, prasugrel, ticagrélor)
si risque thrombotique élevé
et indication d'endoscopie rapide
Contrôle INR la veille
(pour éviter un surdosage
et rester dans la zone thérapeutique)