Ce référentiel, dont l'utilisation s'effectue sur le fondement des principes déontologiques d'exercice personnel de la médecine, a été élaboré par un groupe de travail pluridisciplinaire de professionnels des Réseaux Régionaux de Cancérologie Bourgogne - Franche-Comté (ONCOBFC) et Grand Est (RRCGE), en tenant compte des recommandations nationales, et conformément aux données acquises de la science au 24 janvier 2020.
- Les cancers primitifs du vagin sont rares et représentent moins de 1 % des cancers gynécologiques. Il y a peu d'études disponibles.
- Il faut distinguer les cancers du vagin de la femme adulte des cancers du vagin survenant chez l'enfant et l'adolescente qui sont essentiellement des sarcomes et des adénocarcinomes à cellules claires dont ceux en relation avec la prise de DISTILBENE® par la mère pendant la grossesse. Ces adénocarcinomes font l'objet d'un enregistrement.
- Pour affirmer le caractère primitif du cancer du vagin chez la femme adulte, il faut que les conditions suivantes soient réunies :
- lorsque l'utérus est en place, le col doit être sain
- si une hystérectomie a été réalisée pour tumeur dans les 5 ans précédant le diagnostic de la tumeur du vagin, l'histologie de la tumeur du vagin doit être différente de celle de la tumeur utérine.
- Les tumeurs du vagin de la femme adulte surviennent le plus souvent chez des patientes âgées, caractéristique limitant les possibilités thérapeutiques (pic d'incidence entre 60 et 70 ans).
- Les formes HPV positives (surtout HPV 16) seraient de meilleur pronostic.
- Ce chapitre concerne le carcinome épidermoïde du vagin.
- En cas de localisation au niveau du tiers supérieur du vagin, l'histoire naturelle de la maladie s'apparente à celle d'un cancer du col de l'utérus.
- En cas de localisation au niveau du tiers inférieur du vagin : l'histoire naturelle de la maladie s'apparente à celle d'un cancer du canal anal.
- Dans le cadre des carcinomes épidermoïdes du vagin, le bilan pré-thérapeutique comporte :
- examen gynécologique complet
(si besoin sous anesthésie générale et dans la mesure du possible réalisé conjointement par le chirurgien et le radiothérapeute) avec :- frottis cervical et biopsies si nécessaire
- biopsies profondes qui aident à apprécier le degré d'infiltration tumorale
- biopsies étagées aux 3 tiers vaginaux (inférieur, moyen et supérieur) et sur toutes les parois : elles sont proposées notamment dans les lésions étendues ou avec doute sur des papillomes associés
- localisation et mesure des lésions vaginales
- description de l'extension de voisinage (ex : cloison recto-vaginale) de la fixation ou non à la paroi pelvienne
- description et mesure des adénopathies inguinales
- cystoscopie-rectoscopie systématiques pour les localisations antérieures et postérieures et les tumeurs à partir du stade II
- échographie inguinale ± ponction cytologique ou biopsie
- échographie endo-vaginale et/ou endo-rectale si possible avec Doppler pour préciser la topographie, l'infiltration et la morphologie de la lésion
- IRM abdomino-pelvienne injectée avec opacification vaginale (Cf. protocole). Le scanner abdomino-pelvien est une option en complément d'une IRM pelvienne injectée
- PET-Scan : il est recommandé si stade ≥ 2, en option pour les stades 1
- le dosage du marqueur SCC est optionnel
- évaluation oncogériatrique, si score G8 <14.
- examen gynécologique complet
- Il s'agit d'une classification clinique des carcinomes infiltrants du vagin.
- Une tumeur étendue à l'exocol et ayant atteint l'orifice externe doit être classée comme un carcinome du col utérin.
- Une tumeur intéressant la vulve est classée comme un carcinome vulvaire.
TNM | T | FIGO | N/M |
T1 | Tumeur limitée au vagin | I | N0 |
T2 | Tumeur intéressant les tissus para-vaginaux (paracervix) | II | N0 |
T3 | Tumeur s'étendant à la paroi pelvienne | III | N0-N1 |
T4 | Tumeur envahissant la muqueuse de la vessie ou du rectum et/ou s'étendant au-delà du petit bassin (la présence d'un œdème bulleux n'est pas un signe suffisant pour classer une tumeur en T4) |
IV A (T4) | Tous N M0 |
M1 | Métastases à distance | IV B | M1 |
N | Adénopathies régionales :
|
||
NX | Renseignements insuffisants pour classer l'atteinte des ganglions lymphatiques régionaux | ||
N0 | Pas de signe d'envahissement ganglionnaire | ||
N1 | Envahissement des ganglions lymphatiques régionaux | ||
M |
Métastases à distance
|
||
MX | Renseignements insuffisants pour classer les métastases à distance | ||
M0 | Pas de métastase à distance | ||
M1 | Métastases à distance |
- Le compte-rendu anatomo-pathologique de la pièce opératoire doit comporter :
- la taille tumorale (dimensions)
- le type histologique - différenciation
- le degré d'infiltration : mesure de la pénétration tumorale
- les limites de la pièce avec marge minimale en mm
- les emboles lymphatiques
- le nombre de ganglions prélevés et envahis
- l'effraction capsulaire ganglionnaire et la taille des plus gros ganglions.
- Une marge saine macroscopique latérale intentionnelle au moins centimétrique lors de l’exérèse et une exérèse en pleine épaisseur sont recommandées.
- Option de chirurgie reconstructrice.
- Stade I avec lésion de petite taille (<4 cm) ne dépassant pas le tiers du vagin.
- Stade I avec lésion ≥ 4 cm ou dépassant le tiers du vagin.
- Stade II et plus.
- Systématique si antécédent d'hystérectomie.
- Systématique en cas de colpectomie totale ou si lésion des 2/3 supérieurs du vagin.
- GTV (volume-cible macroscopique) : il correspond à l'ensemble de la tumeur visible à l'examen clinique et à l'IRM.
- CTV (volume-cible microscopique) : il englobe le vagin en totalité, le col utérin si l'utérus est en place et les paramètres en totalité. En l'absence d'atteinte ganglionnaire patente, seuls les relais iliaques internes et externes sont inclus dans le CTV. Les ganglions inguinaux doivent être inclus en cas de tumeur du tiers inférieur du vagin.
- PTV (volume-cible prévisionnel) : une marge de 1 cm est recommandée.
- 45 à 50 Gy, 1,8 Gy à 2 Gy par fraction, 5 séances par semaine.
- Un boost de 10 à 15 Gy peut être réalisé sur une adénopathie et/ou sur les paramètres.
- Si pas de curiethérapie complémentaire, un boost en radiothérapie externe au niveau du GTV résiduel doit être réalisé (dose totale 66 à 70 Gy).
- Vaginale ou utéro-vaginale si lésion du 1/3 supérieur du vagin.
- Endocavitaire et/ou interstitielle en fonction de l'extension en profondeur
- généralement la curiethérapie interstitielle est recommandée dès que l'infiltration dépasse 3 à 5 mm.
- A débit pulsé (PDR) ou technique HDR.
- Il est fortement recommandé d'utiliser une curiethérapie 3D (dosimétrie à partir d'un scanner ou d'une IRM). Les volumes-cibles proposés sont :
- GTV : extension macroscopique au moment de la curie (examen clinique + IRM)
- « CTV HR » (haut risque) : GTV + extensions extravaginales présumées (zones grisées à l'IRM)
- « CTV RI » (risque intermédiaire) : « CTV HR » + zones d'extension initiale avant traitement.
- Dose : 70 à 75 Gy si curiethérapie seule ou 25 à 30 Gy en complément de la RTE au minimum.
- Concomitante :
- à discuter par analogie avec le col utérin ou le canal anal (pas de niveau de preuve 1)
- recommandation : cisplatine 40 mg/m² hebdomadaire (à adapter à la fonction rénale).
- Métastatique :
- pas de standard
- recommandation : sels de platine seuls ou en association (topotécan ou paclitaxel).
- La présentation du dossier en RCP est un préalable à toute décision thérapeutique.
- Un examen conjoint (chirurgien référent + radiothérapeute) sous anesthésie générale est un préalable pertinent avant présentation en RCP.
- La prise en charge est par analogie :
- semblable à celle d'une tumeur du col utérin pour des tumeurs situées au niveau des 2/3 supérieurs du vagin
- semblable à celle d'une tumeur de la vulve pour des tumeurs situées au niveau du 1/3 inférieur du vagin.
T1 étendu
(2-4 cm)
- * Chirurgie = colpectomie partielle ou totale en fonction de l'étendue
± hystérectomie totale
± ganglion sentinelle
(si l'utérus est en place surtout pour les localisations du tiers moyen ou supérieur) - ** Lymphadénectomie pelvienne première optionnelle
Opérable ?
Chirurgie*
Curiethérapie
Opérable ?
Si N+
±
radiochimiothérapie
pelvienne postopératoire
Colpectomie ou colpohystérectomie
± curage pelvien (si tiers supérieur)**
± curage inguinal (si tiers inférieur)
± curage lombo-aortique
Stade I
Taille T ?
±
chirurgie
du résidu
Radiothérapie
±
Curiethérapie
T1 très limitée
(<2 cm)
Résécable sans chirurgie délabrante ?
Sinon reconstruction envisageable ?
Colpohystérectomie
+
curage pelvien et/ou inguinal
(si lésion du 1/3 inférieur)
± reconstruction
Boost
Radiothérapie
externe
Curiethérapie interstitielle
et/ou endocavitaire
(utéro-vaginale si 1/3 supérieur)
Radiothérapie au niveau
pelvien (T + N)
±
Aires inguinales
(si 1/3 inférieur)
±
Chimiothérapie
concomitante
RCP
Stade II
±
Radiothérapie postopératoire
si :
- berges postives (R1 ou R2)
- emboles (à discuter en RCP)
- pN+ (± CT concomitante)
±
Surimpression par
radiothérapie externe :
- paramètres
- ganglionnaire
Curiethérapie interstitielle
et/ou endocavitaire
Radiothérapie
palliative
Radiothérapie
externe
Boost
RCP
±
Chimiothérapie
concomitante
Radiothérapie pelvienne
incluant les ganglions
inguinaux si lésion
du 1/3 du vagin
Stade III
RCP
RCP
Radiochimiothérapie
OU
±
Pelvectomie
OU
Pelvectomie
+
Curage
Chimiothérapie
OU
Stade IV
T4A
Métastases hors pelvis ?
T4B
Prise en charge palliative :
- chimiothérapie palliative
- radiothérapie palliative
OU
Radiochimiothérapie
± concomitante
(si N+ lombo-aortique ou
paucimétastatique et
en fonction de l'état général)
Radiothérapie
- Touchers pelviens et surveillance ganglionnaire :
- tous les 4 mois les 2 premières années
- puis 2 fois par an pendant les 3 années suivantes
- puis 1 fois par an.
- Pas de cytologie systématique. Si doute, biopsie orientée.
- L'existence d'une symphyse vaginale post-thérapeutique peut rendre utile la réalisation d'une surveillance annuelle par imagerie (IRM).
- Gel endo-vaginal
- 3 plans T2 petit champ, coupes fines, hautes résolutions couvrant vulve et vagin
- Axial T2, ganglions comprenant les creux inguinaux et remontant jusqu'aux veines rénales
- Injection de gadolinium dynamique axiale
- Diffusion et acquisition dynamique.

-
STRONG : étude de phase 3 randomisée visant à évaluer la sécurité d’emploi, la tolérance et l’efficacité du durvalumab à dose fixe associé au trémélimumab ou au durvalumab en monothérapie chez des patients ayant des tumeurs solides avancées.
- Statut : Clos aux inclusions (17-04-2017 - 26-03-2023)
- Promoteur : AstraZeneca